Il y avait des lueurs. Dans le ciel. Des lueurs comparables à des étoiles, qui venaient illuminer le ciel nocturne ; hors elles n'en étaient pas. Au départ, nous n'y faisions pas attention. Mais le ciel, chaque nuit venant, se remplissait de quelques lueurs supplémentaires, la ville devenait plus illuminée. Les mois passaient, les lampadaires devinrent inutiles, on ne les allumait plus. Qu'il soit dix neuf heures ou deux heures du matin, la noirceur s'en était allé et les lueurs éclairaient le ciel de mille feux. Les questionnements étaient moindre, qui se méfierait de lumières étincelantes ? On ne pouvait que les comtempler dans la beauté de la nuit, sans même penser un seul instant qu'elles pouvaient nous vouloir du mal.

Mais leur intensité grandissait, chaque jour un peu plus. Elle nous éblouissait, d'abord agréablement, puis avec tellement de force qu'on détournait le regard en plissant les yeux. La nuit n'était plus nuit, le jour n'était plus jour. Ces deux univers opposés avaient fusionnés et la lumière occupait chacun d'eux. Nous vivions désormais dans une journée perpétuelle, où le monde ne dormait plus.

Puis ils descendirent du ciel. Ils vinrent nous chercher, de force, dans nos rues, puis dans nos maisons. Nous n’apercevions pas leurs visages. Masqués de noir ; ils vinrent entacher le paysage qu'ils nous avaient construit.

Puis, chaque année, le même jour, à la même heure, ils redescendaient. Ils embarquaient bon nombre d'entre nous et remontaient dans les lueurs. Nous nous barricadions, mais cela ne servait à rien, ils étaient trop puissants. Et une chose était sûre, ils n'étaient pas d'ici.

Les années filèrent avant qu'un homme, inconnu, bouleversa notre quotidien. C'était une journée comme une autre, il était minuit et pourtant le paysage nous indiquait midi. Un bruit étrange fit écho dans nos rues, un bruit inqualifiable. Nous sortîmes prudemment, quelque chose d'inhabituel se produisait. Alors nous le vîmes. Adossé contre une étrange cabine téléphonique bleue qui venait de descendre du ciel, nous pensions que les hommes masqués l'avaient envoyé nous chercher. Mais le ton de sa voix nous prouva le contraire :